Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/285

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pour assurer au fils de sa sœur une faible portion de sa fortune. Après sa mort, j’ai cru devoir garder encore le secret pour échapper à toute réclamation inique de la part de cette créature. Elle est morte maintenant, et nous n’avons plus rien à craindre. J’aurais donc pu annoncer à Pierre, qui est venu me voir le mois dernier, les ressources qu’il possède et qui lui permettent de s’établir à sa guise ; mais j’ai craint quelque folie : on m’avait dit qu’il était fort épris d’une mademoiselle Vallier que j’ai voulu autrefois lui faire épouser, mais qui, étant aujourd’hui entièrement ruinée, ne lui convient plus. J’apprends par M. Diamant que cette demoiselle fait un très-beau mariage, et je sais, en outre, par madame Duport que mon neveu est en position de plaire à mademoiselle Jeanne de Magneval, qui serait un grand parti pour lui. Pierre a des sentiments de fierté que je ne blâme pas, il ne voudrait pas se présenter dans la misère à une héritière riche ; mais je pense qu’en se voyant dans une position qui, sans être brillante, est assez honorable, il n’aura plus de scrupule et pourra se livrer à une inclination que je suis loin de désapprouver.

Dans l’intérêt de l’avenir de mon neveu, je viens donc vous prier, monsieur, de l’informer de ce qui fait l’objet de cette lettre, à moins que vous n’y voyiez de l’inconvénient. Par exemple, si mademoiselle Vallier manquait son mariage avec M. Gédéon Nuñez, et que, se rejetant sur mon neveu, elle lui fit négliger l’espérance de plaire à mademoiselle de Magneval, vous penseriez certainement comme moi qu’il ne faut pas mettre le jeune homme à même de faire une sottise, et vous attendriez que le danger fût passé.