Page:Sand - Monsieur Sylvestre.djvu/51

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monde, mon aimable hôte, une chose humaine ; tu ne peux pas me promettre le paradis, tu ne le connais pas mieux que moi, et prends garde que je ne te connaisse trop toi-même, car je pourrais bien apercevoir que tu n’es qu’une création de ma pensée, un état de mon esprit, un souffle, une ombre, un parfum ! »

Eh bien, n’importe : si cet état de l’âme dépend de moi ou de certaines circonstances, s’il est intérieur ou extérieur, j’arriverai peut-être à le savoir ; mais dans l’un ou l’autre cas j’en saisirai la formule, la recette si l’on veut, et je la donnerai aux autres. Ils en feront l’usage qu’ils voudront. Je suis toujours bien sûr qu’elle ne pourra leur nuire, car je n’y mettrai pas d’empirisme. Arrière les panacées, arrière l’utile lui-même, s’ils ne sont pas vrais !




IX

DE PHILIPPE À PIERRE


Volvic, 5 mars 1864.

Oui, tu es très-sincère, et il y a du bon dans ton ergotage ; mais ne discute pas tant ton idée, fais ton livre. Moi, je ne veux pas trop te contredire, dans la crainte de te pousser à l’extrême dans tes arguments. C’est là le danger. Quand tu tiendras ta conclusion bien nette, tu me permettras de la combattre, si elle ne me persuade pas.

Mon malade a succombé, mais je n’ai pas le temps