Page:Sand - Mont-Reveche.djvu/137

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ne nous aimons pas, mon oncle, ou, du moins, nous n’avons que de l’amitié l’un pour l’autre.

— Quoi ! ces promenades ensemble, cette espèce de domination qu’elle s’arroge sur toi, cette infatigable complaisance de ta part, ce soin jaloux de la protéger…

— Je fais mon office de frère.

— À contre-cœur, peut-être ? C’est impossible.

— Oui, mon oncle, il est impossible que je me fasse à contre-cœur l’écuyer, le gardien, le serviteur et le protecteur de votre fille, puisque c’est mon devoir, et un devoir rempli envers vous ne me semblera jamais pénible ni désagréable.

— Enfin, tu me donnes ta parole d’honneur que l’assiduité de Thierray ne te chagrine pas ?

— Je vous en donne ma parole d’honneur.

— Allons, Olympe et moi, nous nous sommes trompés.

— Olympe !… ma tante croit que…  ?

Amédée, un instant troublé, se remit aussitôt.

— Oui, ma tante s’est trompée, dit-il.

— Alors, c’est donc Nathalie, ma muse sérieuse, qui s’est emparée de ton imagination ?

— Non, mon oncle, je n’ai jamais pensé à Nathalie plus qu’à Éveline.

— Eh bien, c’est donc ma Benjamine ? Je ne me serais pas attendu à cela ; car je ne la croyais pas en âge d’inspirer un sentiment.

— Mais non, mon oncle, Caroline n’est pas en âge d’inspirer…

— Alors, ce n’est donc personne d’ici ? Voilà qui m’étonne et m’affecte un peu, je te l’avouerai. Quoi ! j’ai élevé un être excellent, avec la secrète ambition d’en faire tout à fait mon fils ; il est ce qu’après tout examen et toute recherche je puis offrir de plus aimable, de meilleur et