Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/168

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ger à lui faire la cour. Elle ne prit donc pas mon exclamation et mon émotion en mauvaise part.

— Je devrais être comme cela sur la scène, n’est-ce pas ? répondit-elle, et non pas froide comme je le suis. Eh bien, je pourrais en dire autant de vous ; malheureusement, nous ne pouvons pas jouer la comédie à cheval.

C’était le moment de l’interroger sur ce qu’elle pensait de moi, et l’occasion était toute venue. Nos bêtes avaient besoin de souffler, elles ruisselaient de sueur. Nous leur mîmes la bride sur le cou, pensant bien qu’elles trouveraient elles-mêmes leur chemin, et, comme nous avions en ce moment de l’avance sur les autres, nous pûmes échanger quelques paroles.

— Vous prétendez, dis-je à Impéria, que vous êtes froide au théâtre ; c’est pour me consoler d’être glacial ?

— Vous êtes glacial, c’est vrai ; mais peu importe, si vous n’êtes pas glacé.

— Je crains bien d’être à jamais l’un et l’autre.

— Vous ne pouvez pas le savoir.

— Qu’est-ce que vous en pensez, vous ?

— Rien encore, c’est trop tôt.