Page:Sand - Pierre qui roule.djvu/64

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— Il y a deux heures.

— Ça s’est donc déclaré tout d’un coup, que nous n’en savions rien ? reprend Œnone.

— Tellement vite, dit la mère de la nouvelle Aricie, que ma fille n’a pas pu seulement avoir un raccord.

— Elle ne pense qu’à sa fille, celle-là ! dit Œnone en se levant ; moi, je suis très-chagrinée. Impéria est pauvre, sans famille, sans soutien d’aucun genre, vous savez ? Je parie qu’il n’y a pas un chat auprès d’elle et pas vingt francs dans sa petite bourse ! Messieurs, mesdames, on se cotisera dans l’entr’acte, et, aussitôt que je serai morte, je cours chez la malade. Qu’est-ce qui vient avec moi pour m’aider à la veiller, si elle a le délire ?

— Moi ! m’écriai-je, pâle et hors d’état de me contenir davantage.

— Qui ça, vous ? dit Œnone en me regardant d’un air ébahi.

— Mesdames et messieurs, on commence ! cria l’avertisseur en agitant sa cloche.

Cette brusque interruption me sauva de l’attention qui allait s’attacher à mon trouble et à mon désespoir. Je courus chez Impéria. Il n’y avait