Page:Sand - Questions d’art et de littérature, 1878.djvu/119

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tainement pas capables envers leurs meilleurs amis. Quelques citations dans un journal qui n’a pas encore entamé une critique approfondie de cette matière, ne peuvent pas s’appeler jusqu’ici un système d’adulations envers les écrivains prolétaires. Je bornerai là la justification de ceux qui s’intéressent au progrès intellectuel du peuple, sans crainte des sarcasmes et des réquisitions de la presse conservatrice. Je ramènerai la discussion à son point de vue théorique, et vous donnerai gain de cause, en vous disant que certainement on peut, sans crainte de décourager le jeune talent, et on doit, par la sollicitude qu’on lui porte, arriver à une critique sérieuse de ses productions. Cela arrivera, je n’en doute pas, à mesure que les publications prolétaires prendront de l’importance et du développement. Et cela arrivera aussi en dépit des conseils paternels émanés de certaines capacités que le peuple reconnaîtra quand elles auront trouvé quelque vérité utile au grand nombre, et non pas à une petite minorité d’élus. Le peuple, nous persistons à le croire, aura l’initiative, en ce sens que ses plaintes et ses réclamations forceront enfin les sages et les habiles à s’occuper de lui aujourd’hui, et à ne plus répondre : à demain les affaires sérieuses ! Le peuple aura l’initiative, en ce sens qu’il saura bien démontrer que son bonheur, son instruction et sa moralité sont absolument nécessaires au bonheur, à l’instruction et à la moralité des classes dites supérieures. Mieux le peuple formulera ses réclamations, mieux la bourgeoisie arrivera à la notion du devoir religieux, social et humain. Ces notions, elle ne les a pas encore, malgré toute sa force et toute la science des docteurs qui parlent en son nom. Et cette bourgeoisie le sent bien ;