Page:Sand - Tamaris.djvu/102

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La femme pâle ne priait pas, ou elle priait à la provençale, c’est-à-dire en s’interrompant sans façon pour regarder, examiner et interroger les passants. Quand la marquise s’inclina légèrement en passant auprès d’elle, elle se leva et lui envoya d’un ton bref le salut redoublé du pays : Bonjour, bonjour, et elle reprit son panier de tresse et son bâton pour s’en aller. Nous passâmes outre ; elle se mit à marcher derrière nous, et nous entendîmes que Marescat lui disait :

— Bonjour, la Zinovèse ; ça ne va donc pas mieux ?

Nous n’entendîmes pas la réponse ; nous avions déjà quelque avance. La descente est très-rapide ; mais le sentier, coupé en zigzags, est assez facile. Paul le prit au pas gymnastique. Sa mère, ne voulant pas le perdre de vue, se mit à courir, et en dix minutes nous étions en bas. Là, on s’arrêta dans un pli de terrain bien abrité. La bonne ouvrit un petit panier pour le goûter de l’enfant, et madame d’Elmeval partagea une orange avec moi.

Cette petite halte permit à la Zinovèse et à Marescat de nous rejoindre. Ils avaient continué de causer ensemble. Marescat prit alors les devants pour aller faire boire ses chevaux, et la femme pâle nous accosta.

— Il paraît, dit-elle en s’adressant à moi, que vous êtes médecin ?

— Oui, et vous êtes malade, vous ?