Page:Sand - Tamaris.djvu/121

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irritée ; je ne l’entamai pas d’une ligne, et je la quittai sans espérance de la guérir. Son état physique n’était certes pas désespéré ; mais la passion, et, la passion mauvaise et persistante, combattrait vraisemblablement l’effet de mes ordonnances et les derniers efforts de la nature. On ne sauve pas aisément ceux qui s’appliquent à détruire leur âme, car c’est le grand moteur que nos remèdes n’atteignent pas.

Comme aucune espèce de voiture ne pouvait venir au cap Sicier par le bord de la mer, je montai sur le baou rouge, afin de voir si, de là, je découvrirais dans la vallée intérieure de la presqu’île la vieille et déjà bien-aimée calèche de Marescat, amenant de ce côté la marquise et son fils. Le baou rouge est bien nommé. La pierre et la terre y sont d’un rouge sombre à teintes violacées. Une forêt de pins maritimes, maigres et tordus par le vent, l’enveloppe de la base au sommet ; mais les buissons de chêne coccifère, de globulaires en broussailles, ainsi que les cistes, les romarins et les lavandes, donnent de la grâce et de la fraîcheur aux éclaircies. Un unique sentier gravit rapidement jusqu’au sommet. Là, je trouvai une guérite de garde-côte, et je fus curieux d’en visiter l’intérieur.

Ces guérites sont des huttes de pierres brutes, de mottes de terre et de branchages, avec un toit de roseaux ou de lames de schiste. Comme elles sont tolérées plutôt que permises, elles sont l’ouvrage des