Page:Sand - Tamaris.djvu/155

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— Quelle diable d’idée a-t-elle, me dit-il, de vouloir inviter la Florade ? J’ai peur que ce gaillard-là ne lui fasse une déclaration à la seconde visite !

— Eh bien, qu’est-ce que cela vous fait ? répondis-je avec une indifférence très-bien jouée.

— Cela ne vous fait donc rien, à vous ?

— Il me semble que cela ne me regarde pas du tout.

— Eh bien, moi, c’est différent ; c’est mon filleul, et je l’aime, le mâtin ! Croyez-vous que ça m’amuse, de le voir flanquer à la porte ? Et qu’aurai-je à dire ? Il l’aura mérité ! Elle m’en fera des reproches, la brave femme !

— Non ; après ce que vous venez de lui dire…

— Vous croyez ?

— Ses reproches seraient injustes. S’il l’offense, elle ne pourra s’en prendre qu’à elle-même. Elle est suffisamment avertie par votre silence.

— Allons, je m’en lave les mains alors !

Pasquali ralluma philosophiquement sa pipe, et alla donner un coup d’œil à ses engins, la porte de son jardin n’étant séparée du flot paisible que par un chemin étroit, élevé d’un mètre sur les galets.

— Venez donc que je vous dise ma joie ! s’écria la marquise en se levant et en me tendant la lettre. Oui, je veux qu’il vienne, notre excellent, notre meilleur ami ! Je vais lui écrire moi-même. Venez vite là-haut ; la lettre peut encore partir aujourd’hui.