Page:Sand - Tamaris.djvu/193

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à laquelle je me destinais. Je voyais le baron parfaitement guéri, et même beaucoup plus fort que moi pour le moment. Je lui parlai de mon prochain départ.

— Ton prochain départ n’aura pas lieu avant un mois, répondit-il. S’il fait froid ici en avril, c’est bien pis en Auvergne. Tes parents, qui ont su ta maladie en même temps que ta guérison, m’écrivent de te garder le plus possible. Ils sont encore en pleine neige, mais ils se portent bien ; ils n’ont plus de sujet d’inquiétude ; l’héritage de Roque, que tu as liquidé, leur permet d’attendre les fruits de ton travail et ton entier rétablissement.

Je dus me soumettre, et l’apaisement du mistral me permit enfin de sortir. Il me tardait de reprendre mes forces et de ne plus retenir le baron, qui s’obstinait à ne pas me laisser seul. Je montai lentement la petite colline, appuyé sur le noble vieillard que tant de fois j’avais soutenu et porté dans mes bras, et je revis madame d’Elmeval dans sa bastide de Tamaris. Je la voyais mieux là que partout ailleurs. Quelque naturelle qu’elle soit, une femme d’un caractère sérieux est toujours plus elle-même quand elle est chez elle, au milieu de ses occupations intimes. Il me sembla que je la retrouvais après une séparation, et qu’elle reprenait avec moi tout l’abandon de ses manières, toute la confiance de son cœur. Je ne me permis aucune question sur ce qui s’était