Page:Sand - Tamaris.djvu/220

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la développer, le baron était indécis et troublé pour la première fois peut-être, il avait envie de le condamner et de le haïr, il avait besoin de l’excuser et de l’aimer. J’ai eu souvent lieu d’observer ce combat intérieur que la Florade, sans l’expliquer, devinait fort bien instinctivement, et que je subissais moi-même sans m’en étonner et sans vouloir m’y soustraire.

La présentation à domicile eut lieu. La marquise se montra calme et bienveillante. La Florade fut plus réservé qu’il ne l’avait été la veille. Lui aussi sentait l’influence de ce milieu austère, de cet intérieur chaste où la maternité semblait veiller et ne pas craindre la surprise de ces voleurs du dehors dont parle l’Écriture. Au bout de cinq minutes, le baron prit mon bras pour aller voir Pasquali, et la Florade resta debout près du banc de coquillages où la marquise aimait à s’asseoir. À quelques pas de là, Paul jouait avec le petit âne ; à dessein ou fortuitement, mademoiselle Roque était je ne sais où : la Florade pouvait parler.

Je ne sus rien par le baron de ce qui s’était passé. Il n’interrogeait jamais la marquise, et je comprenais bien cette exquise délicatesse du confesseur qui attend les confidences. La marquise ne parla point ; mais, le lendemain, je vis la Florade chez Pasquali. Il était bouleversé, fiévreux, irritable.

— Voyons, docteur, me dit le bon et rond Pas-