Page:Sand - Tamaris.djvu/222

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— J’ai dit non, répondis-je, et je veux que cela suffise. Après ?

— Oui, c’est juste, reprit la Florade. Eh bien, puisque tu n’aimes pas, tu n’es pas aimé ?

— Cela va sans dire, observa Pasquali.

— Alors ? dis-je à mon tour.

— Alors, s’écria la Florade, tu ne dis pas de mal de moi à la marquise ?

— Je ne dis pas de mal de vous à la marquise en ce sens que, si j’ai eu occasion de parler de vos défauts, j’ai parlé beaucoup plus de vos qualités.

— Mais tu me hais ou tu me méprises ! s’écria-t-il en me menaçant de son regard de feu ; tu ne veux pas me tutoyer ?

— Je t’aime et ne te méprise pas ; je te plains souvent, je te blâme quelquefois. Qu’est-ce qu’il y a encore ?

Il se jeta dans mes bras, et, pleurant comme un enfant :

— Ne me juge pas trop sévèrement, s’écria-t-il ; ne dis pas au baron, qui lui redit tout, que je suis un Lovelace de bord, un don Juan de guinguette, un libertin, un sot, un étourdi, un homme sans cœur, sans conduite et sans cervelle. Je ne suis rien de tout cela, vois-tu ! Je suis un bon garçon, un enfant, si tu veux. J’aime cette femme à en mourir, et elle ne m’aime pas, et je ne peux rien lui dire pour me faire aimer. Elle me fait peur, elle est plus qu’une femme