Page:Sand - Tamaris.djvu/236

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heures du soir. Paul se couchait alors, et sa mère veillait près de lui jusqu’à minuit.

Elle était d’une grande activité, toujours levée, coiffée et habillée à huit heures du matin. Je n’ai jamais rencontré d’humeur plus égale, d’âme plus sereine. Son activité n’avait rien d’emporté et passait sans bruit sous les yeux comme l’eau d’un ruisseau bien rapide, bien clair et bien plein, qui s’épanche sur un lit de mousse. Son entretien, comme son silence, vous pénétrait du calme suave qui régnait dans sa pensée. L’amour pouvait-il trouver une fissure pour pénétrer dans ce cristal de roche !

Mademoiselle Roque avait-elle osé lui parler des sentiments de son prétendu frère ? Rien ne trahissait un air de confidence entre elles. Mademoiselle Roque gagnait certainement chaque jour en beauté et en santé depuis qu’elle habitait Tamaris ; elle maigrissait ; mieux mise et plus assurée sur ses jambes, qui apprenaient à marcher, elle perdait cette nonchalance lourde qui n’était pas une grâce à mes yeux. Madame d’Elmeval s’efforçait de secouer la torpeur physique : elle lui permettait de faire de beaux ouvrages d’aiguille, Nama avait un grand goût d’ornementation ; mais on lui prescrivait le mouvement, et la marquise lui confiait quelques soins domestiques qui lui plaisaient.

Un matin, la marquise ayant demandé du café, mademoiselle Roque voulut le préparer elle-même à