Page:Sand - Theatre complet 1.djvu/203

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a un amour contrarié pour la Mariette : m’est avis, tout au rebours, qu’il ne s’en soucie point du tout.

MADELEINE.

Et pourtant, c’est depuis le jour où Jean Bonnin est venu nous la demander, et qu’elle s’est décidée pour lui, sans en vouloir démordre, que François est tombé dans cette peine.

CATHERINE.

Oui, mais il y aura bientôt trois mois, et je peux bien vous assurer que, depuis ce temps-là, François et la Mariette ne se sont pas dit quatre paroles.

MADELEINE, se levant.

Raison de plus ; auparavant, ils se taquinaient ; à présent, ils se boudent ; rien ne m’ôtera de l’idée que Mariette va contre son cœur en laissant sa promesse à un autre ; j’ai fait mon possible pour lui tirer la vérité, j’y ai perdu ma peine ; à toutes mes raisons, elle me répond un mot bien dur (Catherine se lève) et qui lui a été soufflé par la Sévère : « Que celles qui aiment les champis les gardent. »

CATHERINE.

Voyez-vous, elle dit ça ! ma fine, elle ne sait ce qu’elle dit : un champi comme notre François vaut mieux qu’un noble comme il y en a !… N’est-ce point votre pensée, madame Blanchet ?

MADELEINE.

Sans doute ; mais je n’aurai point ce bonheur-là de mettre François dans ma famille ; la chose va tous les jours de mal en pis.

CATHERINE.

Bah ! ne vous en inquiétez pas tant… Si François a une attache pour Mariette, il s’en guérira en la voyant mariée ; la chose ne va point tarder, puisque le dernier ban est publié, et que voici la demoiselle à la fin de son deuil.

MADELEINE.

Et pourtant, Mariette n’est pas si bien décidée qu’elle veut le faire accroire ; Jean Bonnin en a du souci, et la Sévère pa-