Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/214

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SARAH.

Ah !

GÉRARD.

Oui, j’ai à m’expliquer sur Flami…

SARAH, l’interrompant.

Jamais ! je vous le défends.

GÉRARD.

Vraiment ?… Alors…

(Sarah, troublée, éclate d’un rire forcé.)

Savez-vous que, depuis trois jours que je vous contemple avec admiration… avec stupeur, je me demande si vous n’êtes pas on train de trop bien guérir, et si je ne dois pas me repentir…

SARAH.

De quoi ? de m’avoir bien conseillée ? Moi, je vous en remercie, et je vous dispense de nouveaux sermons. Ceux d’autrefois m’ennuyaient, mais ils étaient bons ; ceux d’aujourd’hui le seraient moins, et ils m’ennuieraient davantage.

GÉRARD.

Si vous le prenez sur ce ton-là… à la bonne heure ! Je vous connaissais si sérieuse, que j’ai de la peine à vous croire gaie… Mais, si vous l’êtes réellement, j’avoue que ça me charme, et que je vous aime beaucoup mieux ainsi.

SARAH.

Vous voyez donc bien ! Quand vous m’appeliez un ange, vous ne pouviez pas me souffrir… On n’aime pas les anges, on n’y croit plus… on s’en moque… on les trompe !…

BARBARA.

Oh ! Sarah !

SARAH.

Eh ! mon Dieu, ma sœur, ne pleurez pas ma divinité ; vous-même, vous me chérissez peut-être plus qu’autrefois. Est-ce que toutes les gâteries des cœurs maternels ne sont pas pour les enfants détestables ?

BARBARA.

Parce que le… détestatibilité, il est le maladie de nerfs… ou de cœur !