Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/269

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ANSELME.

Ah ! Herman, ne le comprenez-vous pas ?

HERMAN.

Oh ! d’abord, si vous ne voulez pas me tutoyer…

ANSELME.

Si fait ! toi, tu as des sentiments élevés…

HERMAN.

Eh bien, mon père ne m’en donne-t-il pas l’exemple ?… vous a-t-il jamais fait sentir… ce que tu craignais tant ?

ANSELME.

Je n’en souffre pas moins de voir les miens à sa charge. Ce n’est pas de l’ingratitude, Herman, ne le crois pas… Mais…

HERMAN.

Mais c’est de l’orgueil ! Ah ! mon ami, je voudrais que nous pussions changer de rôle : tu verrais si je souffre de te devoir l’hospitalité !

ANSELME.

J’ai tort !… Pourtant !…

HERMAN.

Pourtant, quoi ?

ANSELME.

Non, rien.

Il va chercher le pupitre qui est à la fenêtre, et l’apporte près de la table.
HERMAN.

Parle-moi donc avec franchise, Anselme. Depuis quelques jours, tu es soucieux, tourmenté plus que de coutume ; ta mère et ta sœur elles-mêmes…

ANSELME.

Ma sœur… ma sœur est une enfant d’un heureux caractère, très-calme, très-insouciante.

HERMAN.

Insouciante ! Juliette ?…

ANSELME.

Mais certainement ; que t’importe, d’ailleurs ?