Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/76

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PATIENCE.

À Paris !… congédié… honnêtement !… Tiens, je n’ai pas de secrets pour toi, et çà, d’ailleurs, ce n’est pas de la médisance. C’est si beau, si bon, ces chers enfants !… Eh bien, ils s’aiment, vois-tu… ils s’aiment grandement, et nous les verrons mariés un jour ou l’autre.

MARCASSE.

Un jour ou l’autre ?

PATIENCE.

Ah ! te dire quand, on n’en parle pas encore !… Mais, pendant la maladie de Bernard, la pauvre Edmée veillait, priait et pleurait comme une mère auprès de son enfant… Mêmement, une nuit que j’étais là aussi, bien désolé de mon côté, car il était comme à l’agonie, elle lui a passé au doigt son anneau, comme pour lui dire : « Dans la vie ou dans la mort, nous sommes fiancés. » Il a gardé le gage, et, pour le mériter, il a étudié, travaillé !… Et, à présent, c’est tout esprit, tout savoir !… Ça l’a bien rendu un peu… mais, dame !… il y a de quoi !

MARCASSE.

Tu dis un peu…

PATIENCE.

Tu vas le voir, car les voilà qui viennent tous se promener par ici.

MARCASSE., regardant vers la coulisse.

Ah ! Edmée changée ! bien pâle ! Pourquoi donc ?

PATIENCE.

Oui, depuis un bout de temps !

MARCASSE., regardant toujours, à part.

Triste ! singulier, cela !

PATIENCE.

Allons ! dis-leur bonjour. Moi, je vas au château chercher notre dîner.

Il prend un grand panier qu’il a laissé vers le fond, et sort par la droite.