Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/49

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FRANÇOISE.

Oui, parce que… parce que… je ne sais pas.

Les larmes lui coupent la voix.
HENRI, lui prenant les mains.

Qu’as-tu, Françoise ? Oh ! tu pleures !

Marie-Jeanne laisse tomber son tricot.
FRANÇOISE, se remettant.

Eh bien, oui ! parce que j’ai pour toi une amitié de sœur et de mère. Tu m’avais dit cent fois que tu ne comptais pas te marier.

HENRI.

Et toi, tu disais la même chose !

FRANÇOISE.

Oui, pour d’autres motifs ! Mais il ne s’agit pas de moi.

HENRI.

Si fait ! j’ai besoin de ton avis, de ta pensée intime.

FRANÇOISE.

Eh bien, souviens-toi ! Quand tu me demandais pourquoi je refusais tous les partis, je te répondais que, n’ayant pas usé mon cœur à de folles curiosités de sentiment, et n’ayant pas joué comme les enfants avec le feu, je m’étais fait de l’amour une si haute idée… Mais pourquoi parler avec exaltation d’une chose si simple ! Mon vœu était de ne jamais me marier, à moins que d’éprouver un grand, un véritable amour ; parce que l’union éternelle et absolue de deux âmes devrait être, selon moi, le comble du bonheur et de la sainteté, ou celui de l’égarement et du désespoir.

HENRI.

Et moi, je te répondais…

FRANÇOISE.

Oh ! toi, voici ce que tu me répondais… tout dernièrement encore : « Il n’y a de vrai, de durable, qu’une amitié désintéressée comme celle que nous avons l’un pour l’autre. L’amour est égoïste, exigeant, fantasque… »

HENRI, embarrassé.

Ai-je dit cela ?