Ah ! mon Dieu ! vous m’y faites toujours penser, à ce pauvre Jules ! Sans vous, maman, je l’aurais oublié depuis longtemps.
Ah ! mais il faut l’oublier tout de suite, ou sinon !
On se fâche ? Je vas les faire enrager ! (Haut.) Ça ne dépend peut-être pas de moi de l’oublier, mon père.
Tu vois, monsieur Dubuisson, quand je te disais ! Cléonice, vous voulez me faire mourir de chagrin !…
Oh ! non, maman ! Mais, enfin, pourquoi ne voulez-vous pas… ?
Parce que je sais ce que c’est que les mariages d’inclination, ma fille ! C’est des abîmes de douleur ! On croit qu’on vous aime ! Moi aussi, j’ai manqué de me laisser entraîner par mon cœur ; M. Dubuisson est là pour le dire, que je ne voulais pas de lui ! Mais j’ai écouté la voix de la raison et celle de mes parents. Quel est le bonheur d’une jeune femme ? C’est d’avoir des toilettes, des voitures, des bals, des spectacles. Il n’y a que ça de sérieux dans la vie, vois-tu, mon enfant ; le reste, c’est des illusions. L’amour, ça passe ; le rang, ça reste. Allons, ma fille, j’entends les voitures qui arrivent, sèche tes larmes !…
Mes larmes ?…
Monsieur Dubuisson, va donc changer de cravate !
Bah ! ma cravate !…
Eh bien, occupe-toi du souper.