Page:Sand - Tour de Percemont.djvu/93

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Coras de Percemont.

— Henri, leur dis-je, qu’il épouse ou non sa cousine Émilie, se mariera avant qu’il soit deux ou trois ans. Qui sait s’il ira demeurer chez sa femme ou s’il vivra près de nous ? Dans ce dernier cas, je suppose que sa femme désire habiter le donjon : il s’agira alors d’y faire une grosse dépense en vue d’un ménage et d’une famille. Tout ce que vous y feriez aujourd’hui ne servira plus de rien, et peut-être faudra-t-il le défaire ; ne nous pressons donc pas d’y jeter de l’argent en pure perte.

Henri se rendit à la raison. Sa mère le gronda de céder toujours et de ne tenir à aucune des idées qu’elle lui suggérait.

— Ne viens-tu pas de me jurer, lui dit-elle, que tu ne voulais pas songer au mariage avant d’avoir atteint la trentaine ?

Tout en grondant, elle nous laissa seuls, et je me hâtai de dire à Henri :

— Je viens de voir Miette. J’en étais bien sûr, moi ! la personne qui t’a intrigué hier soir chez elle était une femme.

— Tu en es sûr, mon père ? Pourquoi donc la cachait-elle ?

— C’est une religieuse du couvent de Riom qui par ordre du médecin doit passer quelque temps à la campagne. Tu n’ignores pas que ces dames sont cloîtrées et ne doivent pas voir le