années. Depuis près de quarante ans, dit Puvis, nous luttons en vain contre cette difficulté : nous avons voulu repeupler, dans un terrain profond de première qualité, un verger de 3 arpents qui était, il est vrai, à sa troisième ou quatrième génération des mêmes espèces d’arbres fruitiers ; en replantant nous avons cherché à remplacer des pommiers par des poiriers, et réciproquement. Nous avons évité autant que possible de mettre les arbres nouveaux aux mêmes places que celles qu’occupaient les anciens ; une partie de nos sujets a péri, et ceux qui restent produisent très-peu, bien que quelques-uns ofirent une apparence de santé et de vigueur.
Cependant, depuis quelques années, certains agriculteurs ont voulu révoquer en doute la nécessité des alternances, c’est-à-dire de faire succéder, dans un même sol, à un végétal donné un autre végétal de nature différente. Il nous semble que c’est nier ce qu’avait démontré l’expérience de tous les temps et de tous les lieux. Il n’est pas un agriculteur, pas un jardinier, dans aucun pays du monde, qui n’ait pu se convaincre, par sa propre pratique, de la réalité de cette loi. On a bien raison de dire que l’expérience des pères est perdue pour leurs enfants : n’est-ce pas un bonheur pour eux, en quelque sorte, de prouver que leurs pères se sont trompés ; mais ils ne tardent pas le plus souvent à porter la peine de leur désir d’innover. Heureusement pour l’agriculture et l’horticulture, dans le cas en question, la preuve de l’existence de cette grande loi de la végétation se répète tous les jours, et les praticiens ne seront pas tentés de profiter de la prétendue découverte de quelques novateurs.
L’exposition au sud est en général peu recommandable, excepté pour la vigne. Le soleil y exerce une action trop forte, au printemps, quand les gelées sont encore à craindre. La sève s’y met vite en circulation et les grosses gelées qui
