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Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/201

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le droit au bonheur.

Je sais bien qu’il y a le fameux droit au bonheur, cousine ; mais je vous répondrai à cela que ce sont des mots, encore des mots et rien que des mots… Des mots commodes à prononcer, il est vrai, et qui suffisent, pour peu qu’on ait de l’intelligence, de l’esprit et une bonne dose d’orgueil, à masquer l’affreux égoïsme qui les dicte.

Chacun peut espérer son lot de bonheur sur la terre, cousine, et même travailler de toutes les forces vives de sa nature à en augmenter la part ; mais, hors des limites sacrées du Devoir, le bonheur n’est plus qu’un larcin assez banal ne méritant pas qu’on le glorifie ni qu’on le pontifie.

Hier encore, cela s’appelait « pécher » ; aujourd’hui, les rebelles assurent que cela est le droit au bonheur. Elles relèvent fièrement la tête, font sonner haut leurs sentiments courageux et leurs droits, et, pour conclure, elles accomplissent dans toute leur faiblesse de femme les actes éternels qui s’accommodent d’un peu plus d’humilité.

Lorsque ces sentiments sont exprimés par une Josanne, ils ont un certain air de vérité et de grandeur, parce que Marcelle Tinayre les anime de son souffle et leur prête les clartés de son intelligence ; mais, quand ils entreront