Page:Sardou - La haine.djvu/164

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ORSO.

Hélas ! oui,… ce marbre est glacé !… (Il lui fait un coussin de son manteau.) Appuie-toi là, sur mon bras !…

CORDELIA.

Ils sont donc partis, tous ?… Pourquoi ?

ORSO.

Qu’importe !…

CORDELIA.

L’Évêque aussi ?… (Se soulevant, inquiète.) Ah ! je ne l’ai pas rêvé… n’est-ce pas ?… Je suis bien ta femme ?…

ORSO, baisant ses mains.

Oui ! oui ! ma femme… ma chère et bien-aimée femme !…

CORDELIA, avec effroi.

Et Giugurta ?

ORSO.

Ton frère ?

CORDELIA, baissant la voix.

Où est-il ?

ORSO.

Ne pense plus à lui !

CORDELIA.

Si… Giugurta !… J’ai peur !…

ORSO.

Avec moi ?

CORDELIA, à voix basse, lui montrant le pilier de gauche près de la chaire.

Il est là !

ORSO.

Non !

CORDELIA.

Si !… je le vois… là-bas !… tiens !… derrière ce pilier !… Il me guette !… Il veut m’entraîner hors de l’église, comme tout à l’heure !

ORSO.

Tout à l’heure ?… Tu l’as vu ?