Aller au contenu

Page:Sardou - La haine.djvu/165

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
139
ACTE CINQUIÈME.

CORDELIA, dont l’effroi grandit.

Oui !… Pour me tuer dehors !… comme Uberta !… mais je n’ai pas voulu le suivre !… je me suis débattue !… Je ne veux pas !… (Avec épouvante.) Orso ! défends-moi !

ORSO.

Apaise-toi, pauvre âme !… Nous sommes seuls, et Giugurta n’a plus rien à faire ici !…

CORDELIA, revenant à elle, après un silence, et retombant douloureusement.

C’est vrai !… maintenant qu’il m’a tuée !

ORSO, tressaillant.

Tuée ?…

CORDELIA.

Oui !… le poison !… C’est lui !… Je le sais bien !…

ORSO.

Le poison ?

CORDELIA.

Oui !… je l’ai vu !… le flacon à la main !…

ORSO, se relevant.

Le poison !… c’est ?… Ah ! malédiction sur moi ! c’est le poison !…

CORDELIA, doucement.

Qu’as-tu ?…

ORSO, courant à la grille du chœur.

Au secours !… à moi !… à l’aide !… (Il prête l’oreille, et n’entendant rien, il reprend avec plus de force.) Prêtres ! m’entendez-vous ?…

CORDELIA.

Orso !…

ORSO, courant à la porte du fond et frappant sur cette porte qui résonne sourdement.

Malerba !… Splendiano ! mes amis !… Écoutez-moi !… C’est le poison !… Sauvez-la ! Au nom du ciel ! répondez-