Page:Sardou - Le Roi Carotte.djvu/34

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COLOQUINTE.

Oui !… mais le moyen ?

ROBIN.

Tu sais la prédiction !… Ce pays-ci changera de maître le jour où les armures du vieux palais…

COLOQUINTE.

Je la connais !

ROBIN.

Eh bien ! vois comme je suis gentil pour toi ! J’y travaille !

COLOQUINTE.

Comment ?

ROBIN.

En ce moment, et grâce à moi, le prince est dans la salle des armures à se griser de punch avec toute une bande d’étudiants, et ils en font tant et tant… que les armures ont déjà trois fois frémi !… Tiens, écoute !…

CHŒUR, dans la coulisse.
––––Vous insultez dans vos folles ivresses,
––––Vils avortons !… la cendre des héros,
––––Tremblez de voir nos ombres vengeresses
––––Se ranimer pour vous broyer les os !

(On entend un frémissement d’armures.)

COLOQUINTE, avec joie.

Merci !

ROBIN.

Quant au successeur ?…

COLOQUINTE.

Je l’ai !

ROBIN.

Déjà ?

COLOQUINTE.

Ou du moins je l’aurai, dès que ma baguette me sera rendue… dans une heure !

ROBIN.

Et, sans indiscrétion, ce nouveau monarque ?…

COLOQUINTE.

Tu le verras ; mais ce qui est convenu…

ROBIN.

Est convenu !… Ta partie est belle, comme tu vois ! Et maintenant, dame Coloquinte !… mes très-humbles salutations !…

COLOQUINTE.

Au revoir, drôle !