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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/80

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lier[1], La Rue, Pocart[2], Senault, et autres bouchers, maquignons, jusques aux cureurs de fosses, tous gens d’honneur de leur mestier, que ledit defunct martyr[3] baisoit en la bouche par zele de religion.

La quatriesme representoit, en gros, les faicts d’armes des anciens et modernes Assassins, autrement appellez Bedouins et Arsacides, qui ne craignoient d’aller tuer, jusques à la chambre et jusques au lict, ceux que leur prince imaginaire, Aloadin, surnommé le Viel des Six ou Sept Montagnes[4], leur commandoit. Entre autres y avoit deux figures plus apparentes : l’une, d’un comte de Tripoli, assassiné par un Sarrazin, zelateur de sa religion, en lui baisant les mains ; et l’autre, d’un Roy de France et de Pologne, proditoirement frappé d’un cousteau par un moyne debauché, zelateur, en lui presentant à genoux une lettre missive. Et sur le front dudit moyne estoit escrit, en grosses lettres, l’anagramme de son nom

  1. Greffier de la Cour des Aides.
  2. Toussaint Pocart, potier d’étain.
  3. Le duc Henri de Guise, assassiné par ordre du roi, pendant les États de Blois. Les prédicateurs de la Ligue le représentaient comme un martyr.
  4. Les Assassins ou Haschischins étaient des sectaires orientaux qui, du XIe au XIIIe siècle, exécutèrent aveuglément les meurtres commandés par leur chef, le Vieux de la Montagne. Ici, ce chef désigne le Pape.