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Page:Satyre menippee garnier freres 1882.djvu/81

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Frere Jacques Clement : C’EST L’ENFER QUI M’A CRÉE.

En la cinquiesme se voyoit la bataille de Senlis, où Monsieur d’Aumale fut faict Connestable : et luy estoient baillez les esperons aislez et zelez[1] par Monsieur de Longueville, prince politique[2], et par La Noue Bras-de-fer[3], et Givry[4] son suffragant. Autour d’icelle estoient escrits ces vers, par quatrain[5] :


A chacun Nature donne
Des pieds pour le secourir :
Les pieds sauvent la personne ;
Il n’est que de bien courir.


Ce vaillant prince d’Aumale,
Pour avoir fort bien couru,
Quoy qu’il ait perdu sa male,
N’a pas la mort encouru.


Ceux qui estoyent à sa suitte
Ne s’y endormirent point,
Sauvants, par heureuse fuitte,
Le moule de leur pourpoinct.
  1. Charles de Lorraine, duc d’Aumale. Après la perte de la bataille de Senlis, en 1589, il se sauva à Saint-Denis.
  2. Henri d’Orléans, duc de Longueville, qui gagna la bataille de Senlis. Les ligueurs donnaient le nom de politiques aux partisans du roi.
  3. François de La Noue avait perdu un bras en 1570 au siège de Fontenay-le-Comte, et l’avait remplacé par un bras en fer.
  4. Anne d’Anglure, gouverneur de Brie, commandait sous les ordres de La Noue la noblesse de Brie à la bataille de Senlis.
  5. Ces vers, à l’allure vive et gaie, sont du troyen Passerat.