Page:Saunier - Félix Herbet, 1918.pdf/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 7 —

des manuels d’histoire, des séries de mémoires et les œuvres des écrivains français du XVIe siècle qu’il affectionnait entre tous, dans leurs éditions originales.

Toutefois ces bibliothèques, ces rayons qui occupaient les parois de son appartement de Paris, ne représentaient encore qu’une faible partie de ses collections. La plus importante qui était aussi la plus chérie, était installée dans la propriété de Barbizon, acquise à une époque où ce délicieux coin de forêt, illustré par le séjour de tant de grands peintres, n’était pas encore fréquenté par la foule des snobs. Félix Herbet y passait toutes les petites vacances judiciaires et aussi les mois d’été. C’est là qu’il fallait le rencontrer pour le complètement apprécier. S’il conservait certaine réserve que l’homme de robe, le magistrat municipal ne peuvent jamais complètement dépouiller, son accueil pourtant se faisait plus affable, le geste était plus libre. Vêtu d’un complet de drap léger, coiffé d’un chapeau mou, il parcourait inlassablement sa chère forêt dont les hauts ombrages commençaient à quelque cinquante de mètres de sa maison. Parfois, il enfourchait une bicyclette. C’est qu’il s’agissait d’aller jusqu’à Fontainebleau où villégiaturait son confrère et ami Deroy dont les goûts étaient les mêmes que les siens ou encore de faire visite à l’accueillant imprimeur Bourges, toujours heureux de mettre en belle place dans son journal l’Abeille, l’information érudite dont l’alimentaient volontiers Félix Herbet et les autres membres de la Société historique et archéologique du Gâtinais.

Mais, quelque attrayantes que fussent les promenades en forêt et attirantes les conversations des amis de Fontainebleau, il réservait une partie de son temps toujours très réglé, à ses occupations d’homme de cabinet et d’érudit. Dans le silence des fins d’après-midi et plus encore des soirées, après les instants donnés à la conversation avec la compagne de sa vie dont l’humeur toujours égale se pliait aux exigences de ses travaux, il s’installait dans le vaste atelier d’artiste où il avait accumulé les livres, les gravures, plans et manuscrits concernant la forêt qu’il chérissait et le château qu’il admirait. S’il acquérait par principe tout ce qui touchait à Fontainebleau, ses sacrifices en ce qui concerne la pièce rare n’avaient