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Chapitre V

Rapports syntagmatiques et rapports associatifs

§ 1.

Définitions.

Ainsi, dans un état de langue, tout repose sur des rapports ; comment fonctionnent-ils ?

Les rapports et les différences entre termes linguistiques se déroulent dans deux sphères distinctes dont chacune est génératrice d’un certain ordre de valeurs ; l’opposition entre ces deux ordres fait mieux comprendre la nature de chacun d’eux. Ils correspondent à deux formes de notre activité mentale, toutes deux indispensables à la vie de la langue.

D’une part, dans le discours, les mots contractent entre eux, en vertu de leur enchaînement, des rapports fondés sur le caractère linéaire de la langue, qui exclut la possibilité de prononcer deux éléments à la fois (voir p. 103). Ceux-ci se rangent les uns à la suite des autres sur la chaîne de la parole. Ces combinaisons qui ont pour support l’étendue peuvent être appelées syntagmes[1]. Le syntagme se compose donc toujours de deux ou plusieurs unités consécutives (par exemple : re-lire ; contre tous ; la vie humaine ; Dieu est bon ; s’il fait beau temps, nous sortirons, etc.). Placé dans

  1. Il est presque inutile de faire observer que l’étude des syntagmes ne se confond pas avec la syntaxe : celle-ci, comme on le verra p. 185 et suiv., n’est qu’une partie de celle-là (Ed.).