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Y a-t-il dans les fricatives ce qui correspondrait à n, m, , etc. dans les occlusives, c’est-à-dire un v nasal, un z nasal, etc. ? Il est facile de le supposer ; ainsi on entend un v nasal dans le français inventer ; mais en général la fricative nasale n’est pas un son dont la langue ait conscience.

C.Aperture 2 : nasales (voir plus haut, p. 72).

D.Aperture 3 : liquides.

Deux sortes d’articulations relèvent de cette classe :

1) L’articulation latérale : la langue appuie contre la partie antérieure du palais, mais en laissant une ouverture à droite et à gauche, position figurée par un l dans nos formules. D’après le lieu d’articulation, on distingue l dental, l′ palatal ou « mouillé » et ł guttural ou vélaire. Dans presque toutes les langues ces phonèmes sont des sonores, au même titre que b, z, etc. Cependant la sourde n’est pas impossible ; elle existe même en français, où un l suivant une sourde sera prononcé sans le son laryngé (par exemple dans pluie, par opposition à bleu) ; mais nous n’avons pas conscience de cette différence.

Inutile de parler de l nasal, très rare et non différencié, bien qu’il existe, surtout après un son nasal (par exemple dans le français branlant).

2) L’articulation vibrante : la langue est moins rapprochée du palais que pour l, mais elle vibre, avec un nombre d’ailleurs variable de battements (signe dans les formules), et par là on obtient un degré d’aperture équivalent à celui des latérales. Cette vibration peut être produite de deux façons : avec la pointe de la langue appliquée en avant sur les alvéoles (r dit « roulé » du français), ou en arrière, avec la partie postérieure de la langue (r grasseyé). On peut répéter à propos des vibrantes sourdes ou nasales ce qui a été dit des latérales.