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3iJ< LK SUFFIXE -T-.

Tât serait alors composé du participe fém. en ta (cp. TTivuTr) qui a le mênaè sens que irivuTriT), plus un redoublement du / qui l'a formé.

Voici les formes sur lesquelles nous nous appuyons. Ce sont, en grec, tto-tti-t (cp. tto-to); TTivu-Tr|-T (cp. Ttivu-rri), rac ttvu; èa-^rj-T (pour ècr-Tr|-T; l'aspiration est déterminée par le sigma) que M. Léo Meyer range sous le suff. TriT. Puis Pio-Tr|-T pour lequel il est d'autant moins nécessaire de forger un adj. pio «vivant» ^ que les mots Pio-TO et Pio-iri ne sauraient appartenir qu'au verbe piôuu *. io-iriT dérive peut-être aussi d'un verbe perdu iôuu. Ajoutons dp- eiTi-T que Bekker a fait admettre dans le texte d'Homère à la place de dvbxoxriT. Le latin a aes-<a-# et peut-être volup-tâ-t; ae-tât a plus probablement passé par l'intermédiaire de aevitât ; en revanche nous surprenons la naissance de tât sur le t nasalisé dans le mot vol- untâ-t et dans l'osque Her-enta-t.

On dira que ces exemples sont bien clairsemés au milieu de la masse énorme des formations secondaires. Ne perdons pas de vue que les époques postérieures se sont emparées des suffixes de ce genre pour créer, sur les adjectifs existants, .une légion de termes abstraits qui n'entrent pas en ligne de compte. Dans les poèmes homériques je n'ai relevé que onze mots en ix\ï parmi lesquels se trouvent précisément tous ceux que j'ai cités, sauf 7TivuTr|T^.

Voilà, si nos conjectures ne sont pas illusoires, la marche qu'a pu suivre la langue dans la formation de quelques-uns de ses suf- fixes les plus usités. On voit que ce n'est là qu'une exposition sommaire où nous négligeons plusieurs faces de la question, entre autres l'accentuation, le renforcement vocalique, deux pliénomènes étroitement liés, et l'insertion d'une sifflante que M. Osthoff a cru récemment pouvoir expliquer, au moins dans le suff. stra, par une extension de fausse analogie (J. de Kuhi, 23, 316).

��la plus ancienne. — Un certain nombre de gén. plur. latins en -tatium ne prouve pas grand chose, vu l'extension qu'a prise la déclinaison des thèmes en i. En revanche il faut noter le dat. Tempestatebus sur un des tombeaux des Scipions, forme qui milite en faveur de notre opinion, car navébos sur la col. Rostrata doit également se rapporter à un thème sans i [nav-). \. Journal de Kuhn, l, 160.

2. En effet le suff. to, fém. Tri, "'est secondaire en grec que sous la forme u)To où iTO. pioTO, pioTri ne peuvent donc pas venir de cet adj. hypothétique. Us dérivent de Piôuj comme àpoxo de àpôu).

3. Il faut peut-être remarquer le sens assez concret de quelques-uns de ces mots: noTriT, bn'ioTriT, KOKOTriT, qpiXoTriT et surtout de éoGiit. Ce dernior a peut-être le sens d'un nom d'agent.

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