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Page:Saussure - Recueil des publications scientifiques 1922.djvu/45

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nasales sonantes des désinences.

d’un facteur important, l’accentuation du mot, dont nous avons préféré faire abstraction jusqu’ici, et cela principalement pour la raison suivante, c’est que la formation des nasales – et liquides – sonantes de la première espèce coïncidant presque toujours avec un éloignement de la tonique, l’histoire de leurs transformations postérieures est de ce fait même à l’abri de ses influences.

Au contraire, la formation des nasales sonantes de la seconde espèce est évidemment tout à fait indépendante de l’accent ; il pourra donc leur arriver de supporter cet accent, et dans ce cas le traitement qu’elles subiront s’en ressentira souvent.

Nous serons aussi bref que possible, ayant peu de chose à ajouter à l’exposé de M. Brugmann.

Pour les langues ariennes, la règle est que la nasale sonante portant le ton se développe en an et non pas en a.

Désinence -nti de la 3e personne du pluriel. Cette désinence, ajoutée à des thèmes verbaux consonantiques, donne lieu à la nasale sonante. La plupart du temps cette sonante est frappée de l’accent, et se développe alors en an :

2e classe : lih-ánti = lih-ń̥ti 7e cl. : yuńǵ-ánti = yuńǵ-ń̥ti

Dans la 3e classe verbale, la 3e pers. du pluriel de l’actif a la particularité de rejeter l’accent sur la syllabe de redoublement ; aussi la nasale de la désinence s’évanouit : pí-pr-ati = pí-pr-n̥ti. Il en est de même pour certains verbes de la 2e classe qui ont l’accentuation des verbes redoublés, ainsi çā́s-ati de çās « commander ».

En ce qui concerne dádhati et dádati, il n’est pas douteux que l’a des racines dhā et n’ait été élidé devant le suffixe, puisqu’au présent de ces verbes l’a n’est conservé devant aucune désinence du pluriel ou du duel : da-dh-más, da-d-más etc. La chose serait plus discutable pour la 3e pers. du pl. ǵáhati d’un verbe comme dont la 1e pers. du pl. fait ǵa-hī-más, où par conséquent l’a persiste, du moins devant les désinences commençant par une consonne. Néanmoins, même dans un cas pareil, toutes les analogies autorisent à admettre l’élision de l’a radical ; nous nous bornons ici à rappeler la 3e pers. pl. du parf. pa-p-ús de , ya-y-ús de , etc. L’a radical persistant, il n’y aurait jamais eu de nasale sonante et l’n se serait conservé dans « ǵá-ha-nti », aussi bien qu’il s’est conservé dans bhára-nti. – Ceci nous amène à la forme correspondante de la 9e classe : punánti. Ici aussi nous diviserons : pu-n-ánti = pu-n-n̥ti, plutôt que d’attribuer l’a au thème ; seulement