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3° Comme réduplication de g2iw- Type g2ja-g2iw-es bientôt réduit par dissittiilation à jug2iw-es[1]

Le latin fons iugis «source toujours vive», sur lequel nous nous

réservons de revenir ailleurs, n’exclut que la première de ces trois explications. Il est, selon toute probabilité, proche parent d’ ὑγιής.

P. S. On a supposé dans ce qui précède -γιησ- = γιϝ-εσ-. Il serait également réductible à -γij-εσ- de la racine plus courte et synonyme g2ei-. Nous y gagnerions de pouvoir invoquer les sens lituaniens de g2ei-: gyjù (gijaû, gyti): 1° «vivre» (gyti ar mirti question de vie ou de mort); 2° «revenir à la vie, se guérir», iβ-gìjusi ronà «plaie guérie, cicatrisée», gaj-ù-s «salutaire», cf. slave go(j)iti «guérir» (causatif du même verbe, gardant, en serbe, à ce que m’apprend M. Mohl, le sens plus primitif de faire vivre (une plante). La dernière de nos trois hypothèses (*g2jug2iwes-) n’aurait plus alors qu’à être rayée, la présence d’un u dans le redoublement n’étant naturellement admissible que s’il en existe un dans la racine.

  1. Nous regrettons de ne pouvoir ici justifier par le détail chacune des formes que nous faisons prendre à la racine «g2iw-» Il faudrait montrer comme quoi le groupe fondamental est g2iwa- (βιϝῶναι), comme quoi ce groupe a régulièrement pour forme faible g2ju-, comment enfin ce g2ju- fait très secondairement g2iw- devant voyelle. Bornons-nous à constater l’e.xistence historique de g2ju- dans le désidératil indien gu-gyu-sa-ti «il veut vivre», qui se lit soit dans le Çaiapatha-bhrahmana, soit dans l' Aitareya-bhrahamana.
    Maintenant, comme l' u et l' u primitifs restent deux phonèmes complètement distincts, malgré toutes les tentatives de MM. Osthoff et Brugmann pour les confondre, il est certain que l’ υ bref d’ ὑγιής est une circonstance assez défavorable à la restitution (g2)ju-(g2)iw-es .