Aller au contenu

Page:Sauvé - Le Folk-Lore des Hautes-Vosges, 1889.djvu/272

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
le mois de septembre

« Avant la grande Révolution, la commune de La Bresse formait une sorte de petite république, choisissant elle-même les chefs de sa milice et les juges de son tribunal. Un jour, ces derniers eurent à s’occuper d’une affaire d’importance : il s’agissait de remplacer la potence, laquelle, pour avoir longtemps et beaucoup servi, menaçait ruine. Chacun avait son idée : l’un voulait la nouvelle potence en sapin, celui-ci la préférait en hêtre, celui-là en chêne.

— « Tout ça, c’est des bêtises, dit un malin, parlez-moi d’une bonne potence en fer, qui ne craigne ni le chaud, ni le froid, ni le vent, ni la pluie, ni le tonnerre du bon Dieu. Voilà ce qu’il nous faut, — vous m’entendez, les hommes ? — un meuble solide, résistant, qui, après nous avoir servi à tous, puisse aussi servir à nos enfants. »

L’avis fut mis aux voix et adopté.

Ceci n’est rien, écoutez encore :

« Au presbytère de La Bresse, cinq ou six prêtres, réunis autour d’une table bien fournie, devisaient joyeusement. Tous avaient quelque bon tour à raconter, à l’exception du maître de la maison, lequel écoutait, souriant, sans mot dire. Pourquoi se taisait-il ? Les gens de La Bresse étaient-ils donc plus difficiles à mener par le bout du nez que les autres, plus rétifs à prendre des vessies pour des lanternes ?