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LUTTE DÉCISIVE.

L’aurore la rappela à elle-même. Elle jeta dans un dernier regard un baiser à l’enfant endormie, s’en approcha doucement, et sans la réveiller, lui passa au cou le collier de corail et la médaille que Mrs Moore lui avait remis la veille. C’était pour elle le plus précieux souvenir qu’elle pouvait lui laisser.

Elle s’empara du petit paquet de ses vêtements, et sans bruit ouvrit la porte du cottage. Elle se disposait à la franchir, lorsqu’une ombre se dressa devant elle.

« Maudit soit le jour où vous êtes entrée dans ma maison ! lui cria Mrs Moore. Oui, maudit soit ce jour, car vous n’y avez apporté qu’affliction et malheur ! Que le désespoir vous accampagne et ne vous laisse plus !

— Je n’ai rien fait, répondit Liette, pour mériter cet anathème. Ce n’est pas moi qui suis allée chez vous ; on m’y a portée. Je ne crois pas que le ciel vous exauce ; il est sourd aux désirs des méchants. »

Et la jeune fille, pour ne plus entendre la vieille femme, à moitié folle de dépit et de rage, se sauva dans le brouillard épais du matin.