VIII
VERS LA PATRIE
ur les flots agités de l’océan qu’un jour nuageux tristement argente, la goélette, le Jeune Jacques, file avec rapidité.
Balancée de l’avant à l’arrière, soulevée par les lames gigantesques, elle saute légèrement, tout en évitant les nombreux brisants parsemés sur sa route.
Liette, debout à l’arrière du navire, regarde disparaître au loin les roches brunes vers lesquelles il n’y a qu’un instant elle envoyait ses adieux. Longtemps elle suivra des yeux la silhouette amie qui, à l’extrémité de la jetée, l’accompagne du regard et ne s’éloignera pas, tant que le bateau sera en vue.
Mais pou à peu les côtes de l’île décroissent et s’estompent dans la brume ; Harris Dillon n’est plus qu’un point à peine visible. Du fond du cœur Liette lui adresse un adieu ému dans lequel elle fait passer toute son âme. Non, ils ne sont pas séparés à jamais ; un jour les réunira. C’est pourquoi la jeune fille peut quitter cette terre où elle a tant souffert, sans une pensée d’amertume, sans une parole de malédiction.
Et maintenant qu’il n’y a plus tout autour du Jeune Jacques que le ciel et l’eau, elle se détourne lentement.
Son regard, reflet de ses intimes pensées, plonge dans l’immensité qui l’entoure, cherchant à découvrir vers l’orient qu’elle ne