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V

GRANDS AMIS ET PETITS CAMARADES



Le soir, en la belle saison d’été, lorsque la chaleur avait disparu, chassée par la brise de mer, Mme Maurel, la femme du professeur de mathérnatiques au Lycée, ami de M. Baude et son proche voisin, venait avec ses trois fils proposer à Mme Baude une promenade en commun. On allait soit sur le cours Richard, soit au chantier de constructions, ou mieux encore sur la jetée, bien encombrée à cette époque d’un tas de pierres, de poutres, de carcasses de vieux bateaux ou de seaux servant à la grosse machine pour draguer le chenal, mais ornée d’un ruban interminable de jeunes tamaris très touffus, qui rafraichissaient les promeneurs, en agitant, comme d’immenses pankas, leurs longs rameaux verts.

Mme Baude résistait souvent à cette engageante proposition, mais si le temps était beau, elle acceptait quelquefois.

Les mamans se racontaient alors les menus événements du jour pendant que les enfants, en ce temps-là comme aujourd’hui, toujours un peu entreprenants et indociles, marchaient ou couraient autour d’elles, comme de petits poussins indisciplinés. Ils se hasardaient même, lorsqu’on traversait le port ou le bassin, à monter sur la quille en l’air d’un canot qu’on goudronnait, où à grimper sur les gros câbles, roulés en rond comme de gigantesques