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DÉPART POUR LES GERBIES.

et Liette exécutaient le 3 929e retour de Rouillard vers la propriété.

De ce chiffre Rouillard en était certain, car il tenait plus exactement la comptabilité de ses voyages que celle de ses verres de vin. Mme Baude ne put s’empêcher, en souriant, de faire compliment au vieux serviteur de cette fidélité à ses attributions ; et

Liette regardait avec étonnement l’enseigne de l’auberge.


Rouillard, tout ému des bonnes paroles qui lui furent dites, répondit que pas un arbre du chemin, pas une pierre de la route, pas même une touffe de chardons des talus du fossé n’étaient là, sans que lui, Rouillard ne les eût vus ou tolérés.

Ce chemin semblait être à lui, lui appartenir en propre ; il le connaissait par cœur et le parcourait, disait-il, en fermant les yeux ou en regardant en l’air, de sorte que si on lui demandait, par exemple :

« Où sommes-nous, Rouillard ? »

Sans tourner la téte à droite ou à gauche, il répondait sans hésiter :