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LA TOUR DE LA LANTERNE.

Cocotte avec ! Ah ! si sa maman, si grand-papa seulement avaient vu cela ! Mais encore vouloir la faire mordre par Phanor, ce gros chien de ferme, a-t-on idée d’une menace pareille ?… Ce sale chien qui avale tout ce qu’il trouve… sans choisir ! À cette pensée, son cœur se souleva de dégoût, et cette horrible menace la rendit irréconciliable avec l’oncle Baude-Isart. Oh ! non, non, elle n’oublierait jamais.

Le soir, tout s’arrangea, lorsque le père Malaquin, sa roue sur l’épaule et son paquet de couteaux dans les mains, parut aux Gerbies. Il expliqua qu’il avait fait le grand tour, non sans avoir constaté qu’il n’y avait pas moyen de passer par la barrière de l’allée, et après avoir mis, « bonnes gens », sur leur route les bohémiens égarés dans le pays, il était venu bien tranquillement rapporter son ouvrage.

On n’en voulut plus à Liette. Ce fut fini, on l’embrassa, on déclara même, Mélanie la première, que c’était, somme toute, une bonne affaire d’avoir les couteaux repassés pour le bien modeste salaire qu’avait réclamé le brave rémouleur.

Alors, Liette se reprit à sourire à tous. Non pas à tous, car, à partir de ce soir-là, Baude-Isart eut une ennemie de plus dans le monde. Il est vrai que la qualité de cette ennemie lui importa peu, s’il eut seulement l’idée de la soupçonner.