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XI

TANTE MINETTE



Tante Minette n’était pas bonne à la façon des âmes sensibles qui s’émouvent facilement des malheurs d’autrui, tout en laissant souvent commettre par faiblesse mille petites avanies autour d’elles.

Elle était pitoyable, et elle l’était avec bon sens, trop intelligente et trop consciencieuse pour être autrement. La volonté de cette charmante femme était aussi ferme que son âme était élevée.

De ses jeunes années vécues sur les grands chemins, dans les grandes villes et dans un milieu cultivé, elle avait gardé une indépendance d’allures qui la faisait respecter de tous.

Elle conduisait avec une souple autorité la maison de son père, veillait aux occupations quotidiennes des servantes, et entre temps, faisait un pou de musique.

C’était l’exemple vivant de la maîtresse de maison diligente, et son activité sensée en disait beaucoup plus, aux gens simples et peu compliqués qui l’entouraient, que tous les discours qu’elle aurait pu leur faire.

Ici, aux Gorbies, comme on la voyait agir en femme qui suit ce qu’elle commande et exige ce qu’il faut ; comme elle ne parlait jamais d’elle-même, on le respectait sans chercher dans sa vie ce qu’elle voulait qu’on ignorât. Ainsi, on savait qu’elle avait un fils