Page:Savignon - Filles de la pluie.djvu/154

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sol pour en détacher des pierres dont elle emplit ses poches.

— Je croyais que c’était le diable, me dit-elle.

« Bon ! je pensai : si le diable vient ici, qu’est-ce qu’il aura avec moi ! »

Et elle s’approcha plus près encore des eaux, anxieuse, raidissant ses nerfs, écarquillant les yeux.

Le souffle tiède de la brise nocturne caressait ses joues mouillées par la buée. Il y eut de grands silences que troublait seule, de deux en deux minutes, la lugubre sirène de Pern, dont l’écho, parfois, redisait la plainte, comme un râle, à travers les espaces invisibles. Toute la vapeur d’eau en suspens en semblait agitée. Maintenant on n’entendait plus rien. Elle avait rêvé, sans doute. Et puis, dans la monotonie familière des clapotis, les voix se dénoncèrent encore, plus immédiates cette fois. Rose crispa ses doigts sur une pierre, le bras tendu, prêt à frapper :

— Ohé ! cria-t-elle pourtant.

— Oh ! Oh ! répondit-on. — Oh !.. ce fut tout.

Elle lança des cris au ciel, longtemps, rageuse d’avoir été déçue. Et elle allait de droite à gauche, aux écoutes.