à vos mains ? — Je me les étais faite la veille en quittant Praslin en faisant précipitamment mes paquets avec M™" de Praslin. — D’où vous vient cette morsure que j’aperçois à votre pouce ? — Ce n’en est pas une. — Les médecins qui vous ont visité ont déclaré que c’était une morsure. — Épargner, épargnez-moi, ma faiblesse est extrême. — Vous avez dû éprouver un moment bien pénible, quand vous avez vu, en entrant dans votre chambre, que vous étiez couvert de ce sang que vous aviez versé et vous vous êtes empressé de le laver. — On a bien mal interprété ce sang. Je n’ai pas voulu paraitre devant mes enfants avec le sang de leur mère. — Vous êtes bien malheureux d’avoir commis ce crime. » Praslin ne répond pas et paraît absorbé. « N’avez-vous pas reçu de mauvais conseils qui vous auraient poussé à ce crime ? — Je n’ai pas reçu de conseil. On ne donne pas de conseil pour une chose semblable. — N’êtes-vous pas dévoré de remords ? et ne serait-ce pas : pour vous une sorte de soulagement d’avoir dit la vérité ? — La force me manque aujourd’hui. — Vous parlez sans cesse de votre faiblesse. Je vous ai demandé tout à l’heure de répondre par oui ou par non ? — Si quelqu’un pouvait me tâter le pouls, il jugerait bien de ma faiblesse. — Vous avez eu tout à l’heure assez de force pour répondre à un grand nombre de questions de détail que je vous ai adressées. La force ne vous a pas manqué pour cela. » Praslin ne répond pas. « Votre silence répond pour vous que vous êtes coupable. — Vous êtes venus ici avec la conviction que j’étais coupable. Je ne puis pas la changer. — Vous pourriez la changer ; si vous nous donniez des raisons pour croire le contraire, si vous nous expliquiez autrement ce qui semble ne pouvoir s’expliquer par votre criminalité ? — Je ne crois pas pouvoir changer cette conviction dans votre esprit. — Pourquoi croyez-vous que vous ne pouvez pas changer cette conviction ? » Après un silence, Praslin déclare qu’il est au-dessus de ses forces de continuer. « Quand vous avez commis cette affreuse action, pensiez-vous à vos enfants ? — Le crime, je ne l’ai pas commis. Quant à mes enfants, c’est chez moi une préoc-
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