cupation constante. — Osez-vous dire affirmativement que vous n’avez pas commis ce crime ? » Praslin met sa tête dans ses naains et reste quelques instants sans parler. « — Je ne puis pas répondre à une pareille question. — M. de Praslin, vous êtes dans un état de supplice et comme je vous le disais tout à l’heure, vous pourriez peut-être adoucir ce supplice en me répondant. « Praslin garde le silence et la Commission se retire en remettant à un autre jour la suite de cet interrogatoire[1].
Le 22, le docteur Andral trouvait l’inculpé plus mal. Le 23, il constatait que l’état s’était aggravé depuis la veille et, le 24, Andral, Rouget et Louis étaient d’accord pour estimer qu’il n’était pas impossible que le malade succombât peu de temps après leur réunion. C’est ce que faisait prévoir au public le National de la veille. « Il est peu probable, disait cet organe de l’opposition, que le duc de Praslin, pair de France, chevalier d’honneur à la Cour et prévenu d’assassinat, comparaisse devant la (^our instituée pour le juger. On nous annonce que son état de santé décline d’heure en heure. La faiblesse de ses organes est telle qu’il ne peut pas subir un interrogatoire de quelque durée et on a eu toutes les peines du monde à obtenir de lui des réponses intelligibles[2]. » Ces dernières affirmations n’étaient pas exactes. S’il était vrai que Praslin souffrait énormément, il n’était pas douteux qu’il supportait ces souffrances avec le plus grand courage. Au milieu des tortures de l’arsenic, il n’articulait pas une plainte. Pourtant la fin approchait. Le 24 au matin, le chancelier fit appeler le curé de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, l’abbé Martin de Noirlieu. Vers dix heures le Grand Référendaire le duc Decazes se présenta. « Vous souffrez beaucoup, mon cher ami, dit-il à Praslin. — Oui. — C’est votre faute. Pourquoi vous étes-vous empoisonné ? » Praslin ne répondit pas. « Vous avez pris du laudantim ? — Non. — Alors vous avez