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troit, et sur lesquels l’opinion générale est encore loin d’être fixée[1].

Dans le précis historique que M. Mac Culloch trace des progrès de l’économie politique, il fait honneur à David Ricardo de plusieurs vérités qu’il dit nouvelles et fondamentales. Voici dans quels termes il s’en explique, page 66 de l’édition anglaise :

« Le principe fondamental soutenu par M. Ricardo, dans son grand ouvrage[2], est que la valeur échangeable, ou le prix relatif des marchandises, dépend uniquement des quantités de travail nécessaires pour les produire… Il en résulte :

1o Que les profits fonciers ne font nullement partie des frais de production[3] ;

2o Que les capitaux étant les résultats d’un travail précédent, et n’ayant d’autre valeur que celle qu’ils tirent de ce travail, la valeur de

  1. L’auteur fait ici allusion au Discours préliminaire qu’on lit en tête de son Traité d’Économie politique et que M. Mac Culloch a en effet fortement mis à contribution, surtout lorsqu’il trace la ligne qui sépare l’économie politique de la statistique ; lorsqu’il montre l’usage que peuvent faire de la première de ces sciences, non-seulement les hommes qui gouvernent, mais ceux qui sont gouvernés ; lorsqu’il indique les vérités qu’Adam Smith a solidement établies, et les raisons qui font qu’une vérité appartient, non au premier qui l’énonce, mais au premier qui la prouve ; lorsqu’il répond aux objections contre l’économie politique tirées de la diversité des opinions de ceux qui la professent ; enfin lorsqu’il se livre à une foule d’autres considérations relatives à l’histoire et aux progrès de cette science. M. Mac Culloch a pu en user d’autant plus librement à l’égard de ce Discours préliminaire, que le libraire anglais, qui a publié la traduction anglaise du Traité de J.-B. Say, a jugé à propos d’en retrancher le Discours préliminaire tout entier, afin d’épargner quelques feuilles d’impression, s’imaginant peut-être que le lecteur anglais achèterait le livre sur son litre et sans s’informer s’il était ou non complètement traduit.
    (Note des Éditeurs.)
  2. Principes de l’Économie politique et de l’impôt, publiés à Londres pour la première fois en I8I7, et dont la traduction, avec les notes des différents commentateurs, fait maintenant partie de la Collection des principaux économistes, publiée par MM. Guillaumin et Cie.
    (Note des éditeurs)
    .
  3. Par profits fonciers (en anglais rent) il faut entendre les profits qu’un propriétaire retire de sa terre, indépendamment de ce que peuvent rendre le capital répandu en améliorations sur le sol, et le travail du cultivateur. Ce profit foncier est représenté par le fermage, quand la terre est donnée à bail. Le traducteur français traduit ce mot par la rente, expression impropre, et qui sent le style qu’on appelle réfugié, parce que les protestants français obligés de chercher un refuge dans l’étranger, étaient sujets à transporter dans leurs écrits français, les termes et les tournures qui frappaient incessamment leurs oreilles. Le mot rente, et même rente foncière, est d’autant plus impropre pour rendre l’expression anglaise rent, que ce mot a déjà une autre signification en français, où il veut dire une rente hypothéquée sur un bien-fonds, et qui n’a aucun rapport avec le profit annuel de ce même fonds. D’ailleurs, nous avons en français le mot fermage qui représente le profit foncier, le profit résultant de l’action végétative du sol.
    (Note de l’Auteur.)