Page:Say - Œuvres diverses.djvu/293

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la marchandise, produite par leur moyen, est proportionnée aux quantités de travail consommées pour la production de cette marchandise ; ce qui montre que sa valeur est toujours déterminée par la quantité de travail que sa production a exigée.

3o Qu’une hausse dans les salaires des ouvriers occasionne une baisse dans les profits des entrepreneurs, et non une hausse dans le prix du produit comme aussi une baisse dans les salaires occasionne une hausse dans les profits et non une baisse dans le prix.

Ces conclusions, ajoute M. Mac Culloch, sont toutes de la plus haute importance, et en les établissant M. Ricardo a donné à la science un aspect tout nouveau. »

Il s’agit de savoir si elles sont fondées et conformes à l’expérience.

Et d’abord, est-il bien vrai que la valeur échangeable, le prix relatif d’une marchandise dépend uniquement des quantités de travail nécessaires pour la produire ? Ricardo prétend que le travail se retirant toujours d’un emploi qui n’indemnise pas les travailleurs, il n’y a jamais plus d’offres que de demandes ; et d’un autre côté, que la concurrence des travailleurs se portant toujours là où il y a plus de demandes, il y a toujours autant de quantité offerte que de quantité demandée. Il se croit autorisé, en raison de ce principe général, à nier l’influence (au moins d’une manière suivie) de l’offre et de la demande sur les prix. Il méconnaît ainsi ce qu’il y a de mieux démontré par l’expérience ; c’est qu’on observe des variations perpétuelles dans les quantités de produits que peut fournir une même quantité de travail : c’est qu’il y a une variété infinie dans les différentes capacités des hommes et dans le prix de leurs travaux. Il méconnaît l’influence que l’état où se trouve la société, un pays, une ville, exerce sur la demande qu’on fait de tel ou de tel produit. — Ce sont là des exceptions, dit-il, mais l’influence du principe subsiste et agit constamment. — Cela est possible, abstractivement parlant ; mais, au fait, les circonstances de la société qui toutes agissent en vertu de quelqu’autre principe, existent de même, et l’on ne doit jamais faire abstraction de leur influence.

Si l’on était fondé à poser des principes généraux au milieu de tant d’influences particulières, ne pourrait-on pas dire avec plus de raison que c’est l’utilité des produits qui est la cause de la demande que le public en fait, que cette utilité est, par conséquent, le premier fondement de leur valeur ; et ne pourrait-on pas ajouter que les frais de production sont une circonstance accidentelle qui tait que le produit