Page:Say - Œuvres diverses.djvu/306

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doute, on doit savoir gré à cet auteur travaillant à l’instruction de deux princes, d’avoir mis sous leurs yeux des extraits de livres accrédités ; mais ce n’était pas un motif pour exciter l’admiration du savant professeur de Londres ; d’autant plus que le dernier quart, qui n’est pas copié, du Cours de M. Storch, n’est que l’exposition d’un nouveau système qu’il s’est forgé relativement aux produits immatériels, qu’il appelle biens internes, système qui ne supporte pas un instant d’examen. Qu’est-ce, d’ailleurs, qu’un cours d’économie politique qui ne contient absolument rien sur les grandes questions qui intéressent le plus la société : sur la balance du commerce, les entraves à la circulation, les corporations, les monopoles, les colonies, les dépenses publiques et les impôts ? Du reste, il y a dans les notes de M. Storch quelques faits intéressants sur les États du Nord ; mais dont l’auteur ne tire aucune conséquence nouvelle.

Pour revenir à Ricardo, je pense que son seul titre de gloire, est sa doctrine des monnaies. Il a complètement profité des grandes expériences qui ont été malheureusement faites sur la dépréciation des papiers-monnaies de France et d’Angleterre, aussi bien que sur la restauration de celui d’Angleterre, qui a été peut-être plus fâcheuse que sa dépréciation. Il a dessillé sur ce point les yeux de l’Angleterre qui croyait bonnement que ses billets de banque avaient toujours la même valeur, lorsqu’ils ne pouvaient plus acheter que les deux tiers de la quantité de marchandises que l’on obtenait avec de l’or. Et ce qu’il y a de piquant, c’est que la doctrine de Ricardo sur cette matière, est fondée précisément sur ce principe de la proportion entre la quantité offerte et la quantité demandée dont il refuse de reconnaître l’influence. Il prouve d’une manière irrécusable que l’instrument de la circulation est une marchandise de même nature que toutes les autres, et il nie que toutes les autres soient soumises aux mêmes influences.

M. Mac Culloch me reprochera peut-être de n’avoir pas fait connaître plus tôt ma façon de penser à l’égard des doctrines de Ricardo. Je me serais reproché encore plus de causer la moindre affliction à un homme aussi recommandable, qui m’honorait de son amitié, dont toutes les pensées, depuis qu’il s’était retiré des affaires, étaient tournées