Page:Say - Œuvres diverses.djvu/595

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habitués à dépenser les deniers du public, et leur fortune n’étant jamais diminuée par les dépenses qu’ils font, au contraire même augmentée, on peut craindre, dis-je, qu’ils ne mettent point dans leurs opérations cette sévérité que commande l’intérêt personnel. Ils sont attachés à certains modes de construction qui conviennent aux monuments fastueux plutôt qu’aux monuments utiles. Ils n’ont pas, en général, cette activité que donne l’habitude des entreprises particulières. Ils auraient, dans ce cas-ci, d’autres devoirs à remplir et d’autres ambitions à satisfaire que de servir te commerce. L’Angleterre, en ces sortes d’affaires, nous donne l’exemple trop peu suivi, de ne rien épargner dans ce qui va au but essentiel, et de ne rien dépenser au delà du nécessaire. Il faudrait faire en sorte qu’une compagnie d’entrepreneurs anglais ne fût pas fondée à nous dire : Vous avez dépensé 140 millions pour faire ce que nous aurions exécuté moyennant 150.

Lorsqu’on veut ne pas excéder les dépenses présumées, il est nécessaire de n’adopter jamais aucun parti, qu’après s’être assuré qu’il porte en lui-même ses moyens de succès, et après avoir froidement apprécié les obstacles qui viendront contrarie son achèvement ; or, c’est ce qu’on n’obtient guère d’une administration accoutumée à donner à la volonté du chef plus de prépondérance qu’a la nature des choses.

3o Qu’elle soit rapide.

Il est évident que l’intérêt des avances jusqu’au moment des rentrées, compose une partie importante des frais de confection, et que cette dépense est d’autant plus faible, que les rentrées commencent plus tôt.

Il est toujours à craindre que les travaux entrepris par l’administration ne soient suspendus avant d’être achevés. Un ministre, un directeur général peuvent être remplacés, et leur successeur ne plus mettre le même intérêt à des travaux entrepris par d’autres qu’eux et peut-être contre leur avis. Les uns et les autres sont soumis à des influences qui peuvent changer leurs déterminations.

C’est une faible garantie que l’intérêt qu’a le gouvernement à terminer un ouvrage commencé. On pourrait y croire, si l’on n’était pas entouré de travaux suspendus. Le Louvre, commencé il y a 309 ans, est-il achevé ?

L’administration, peut-on dire, ne sera pas (dans ce cas-ci) arrêtée