Page:Say - De l’Angleterre et des Anglais.djvu/26

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sertes tout autre jour que le dimanche ; chacun y court absorbé par ses affaires. Ceux qui mettent le moindre ralentissement dans leurs travaux sont promptement atteints par la ruine ; et l’on m’a assuré à Londres que beaucoup de familles, de celles qui avaient peu d’avances, sont tombées dans les derniers embarras pendant le séjour des souverains allies, parce que ces princes excitaient vivement la curiosité, et que, pour les voir, on sacrifiait quelquefois ses occupations plusieurs jours de suite.

Ceux même qui travaillent avec aisance et qui pourraient se reposer à leur gré, travaillent pour être riches, pour se mettre à l’abri de tous les événemens, et pour marcher de pair dans toutes les profusions. La plus grande honte en France, c’est de manquer de courage : en Angleterre, c’est de manquer de guinées. L’opinion n’est peut-être pas plus raisonnable d’un côté que de l’autre.

Cette position économique exerce un effet déplorable sur les lumières, et fait craindre à l’observateur philosophe que cette patrie de Bacon, de Newton et de Locke, ne fuisse bientôt des pas rétrogrades et rapides vers la barbarie. Il paraît certain qu’on lit beaucoup