Page:Say - De l’Angleterre et des Anglais.djvu/27

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moins qu’on ne faisait ; on n’en a pas le temps, et les livres sont trop chers. Les riches qui peuvent ne songer qu’à jouir, ont d’autres jouissances que celles de l’esprit, et ces autres jouissances rendent inhabiles à ces dernières. Le peu que les gens du grand monde lisent, en général, n’est jamais ce qu’il y a de meilleur : les lectures vraiment utiles exigent une application qui leur pèse ; et quand, par hasard, ils lisent de bons ouvrages, c’est une semence qui tombe dans un sol épuisé, où les bons fruits ne sauraient prospérer. La classe mitoyenne est la seule qui étudie utilement pour la société, et bientôt elle ne pourra plus étudier en Angleterre[1].

Il y a cependant deux sortes d’imprimés qui

  1. On sent que, lorsqu’il est question d’une grande nation comme l’Angleterre, il faut toujours supposer beaucoup d’exceptions. On fait toujours de très-bonnes études, quoique un peu gothiques, à Oxford. Il y a quelque chose de plus libéral dans celles de Glascow. Les professeurs actuels d’Édimbourg soutiennent l’éclat de cette fameuse université. La philosophie, l’amour du pays, s’y mêlent avec le goût des lettres, et y donnent à la littérature, qui sans cela n’est qu’une faconde puérile, de l’importance et de la solidité. L’Edinburgh Review est peut-être le meilleur journal littéraire du monde ; il est lu de Philadelphie à Calcutta.