Page:Say - Traité d’économie politique.djvu/405

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
404
LIVRE SECOND. — CHAPITRE IX.

en général les plus proches, et d’abord l’amélioration de ses terres, qu’on regarde comme le plus solide de tous ; ensuite les manufactures et le commerce intérieur ; et, après tout le reste, le commerce extérieur, le commerce de transport, le commerce lointain. Le possesseur d’un capital préfère l’employer près de lui plutôt qu’au loin, et d’autant plus qu’il est riche. Il le regarde comme trop aventuré lorsqu’il faut le perdre de vue long-temps, le confier à des mains étrangères, attendre des retours tardifs, et s’exposer à actionner des débiteurs dont la marche errante ou la législation des autres pays protègent la mauvaise foi. Ce n’est que par l’appât des privilèges et d’un gain forcé, ou par le découragement où l’on jette l’industrie dans l’intérieur, qu’on engage une nation dont les capitaux ne sont pas très abondans, à faire le commerce des Indes ou celui des colonies.

CHAPITRE IX.

Des Revenus territoriaux.

§ I. — Des Profits des Fonds de terre[1].

La terre a la faculté de transformer et de rendre propres à notre usage une foule de matières qui nous seraient inutiles sans elle ; par une action que l’art n’a pu imiter encore, elle extrait, combine les sucs nourriciers dont se composent les grains, les fruits, les légumes qui nous alimentent, les bois de construction ou de chauffage, etc. Son action dans la production de toutes ces choses, peut se nommer le service productif de la terre. C’est le premier fondement du profit qu’elle donne à son propriétaire.

Elle lui donne encore des profits en lui livrant les matières utiles que renferme son sein, comme les métaux, les différentes pierres, les charbons, la tourbe, etc.

La terre, ainsi que nous l’avons déjà vu, n’est pas le seul agent de la nature qui ait un pouvoir productif ; mais c’est le seul, ou à peu près, dont l’homme ait pu faire une propriété privée et exclusive, et dont, par

  1. Dans le chapitre précédent, j’ai parlé des intérêts des capitaux prêtés avant de parler des profits des capitaux qu’on fait valoir, parce que les intérêts jetaient du jour sur les profits ; ici j’observe un ordre contraire, parce que les profits territoriaux éclaircissent la matière des fermages.